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Fratrie RESBEUT

Pierre-Jean (31 ans), Maxime (29 ans), Paul (27 ans), Julien (23 ans) RESBEUT
Anciens Elèves Collège & Lycée

Vous avez tous les quatre vécu vos années de Collège et de Lycée à l’internat ; qui a fait ce choix ?

Paul : Nos parents ont fait le choix de nous faire intégrer l’internat parce qu’ils avaient eux-mêmes été pensionnaires et qu’ils avaient trouvé que c’était une bonne expérience. Nous avons été inscrits dès la 6ème. C’est Pierre-Jean, en sa qualité d’aîné, qui a « essuyé les plâtres ».

Pierre-Jean : Enfant, j’étais plutôt anxieux et assez inquiet. Autant dire que mes débuts à l’internat n’ont pas été faciles… Les premiers soirs, je me suis senti extrêmement seul. J’avais tellement envie de rentrer à la maison que j’allais à la cabine téléphonique pour appeler, en pleurs, mes parents ! Heureusement comme je faisais du sport, je me suis fais des copains assez rapidement, et après quelques semaines d’adaptation, j’ai fini par suivre le mouvement ! (…) On en souvent rediscuté et ri avec nos parents. A posteriori, ils ont reconnu que 11 ans c’était un peu tôt aller en pension… Mais franchement, avec le recul, mes frères et moi on est unanime : si c’était à refaire, on ne changerait rien !

Maxime : En ce qui concerne le choix de l’établissement, nos parents ont choisi l’Ensemble Scolaire Jean-Paul II pour sa proximité, pour son cadre, très « nature », et aussi parce que l’établissement était axé sur le sport. Ils avaient aussi un de leurs amis qui y avait été enseignant.

Julien : Moi, j’ai aveuglément suivi la voie qui avait été ouverte par mes frères. Ils m’avaient raconté tellement de choses sur la vie à l’internat que j’avais vraiment hâte d’y aller et de vivre ma propre expérience ! (…) J’y suis arrivé avec pleins d’ « images d’Épinal » en tête… Sauf qu’entretemps, le téléphone portable avait fait son apparition. Étant un des rares à ne pas en avoir, j’ai constaté à quel point la culture de l’écran avait fait évolué les relations. Ceci dit, cela ne m’a pas empêché de faire « ma vie » et de vivre des moments mémorables !

Qu’avez-vous gardé de ces années ?

Pierre-Jean : Enormément de souvenirs ! De très bons au Collège et d’excellents au Lycée, parce qu’on était plus libres (…) Parmi les anecdotes drôles et décalées, il y a ma rentrée en 4ème. Cette année-là Maxime rentrait en 6ème et donc à l’internat. J’ai pris mon rôle de grand frère très au sérieux, voire trop ! J’étais tellement anxieux pour lui que je m’en était rendu malade et que j’avais fini par rejeter mon petit-déjeuner sur le parking du Collège ! (…) Il y a plein de moments mémorables… Des parties de foot endiablées ! Le soir, avec les copains, on dînait au lance-pierre pour pouvoir jouer le plus longtemps possible avant de devoir retourner à l’étude ! On a passé des moments de dingue ! En tant qu’internes on a vécu l’établissement dans son cœur. Ça a été une expérience enrichissante !

Paul : On a vécu l’internat comme notre seconde maison. On y a passé quasiment autant de temps qu’à la maison (7 ans)… L’internat était un lieu de vie où s’entremêlaient des tranches de « vraie vie » – avec des hauts et des bas – des moments d’études et de convivialité. Comme à la maison, il y avait des règles. Il fallait filer droit. Mais nous, on trouvait cela normal. (…) Au niveau ambiance, on sentait qu’il y avait, au sein de l’internat, un esprit de solidarité qui n’existait pas en dehors. Les enseignants avaient un rapport différent avec les internes. Ils passaient plus de temps avec nous qu’avec les demi-pensionnaires et les externes. Avec ceux qui étaient à la fois profs et surveillants il y avait encore davantage de complicité. Pour autant cela ne nous donnait pas de passe-droits !

Maxime : On était tellement bien à Jean-Paul II qu’on était contents de revenir le lundi ! Le mercredi après-midi, bien qu’on bénéficiait d’une autorisation de sortie, on préférait rester sur place avec nos copains. Ça dit tout ! (…) À l’époque où j’étais interne, je me souviens que le mercredi soir on avait le droit à un film. Quand c’était soir de foot, on était quelques uns à préférer traîner à l’étude… En fait, on faisait semblant de travailler et, en catimini, on suivait le match, avec le surveillant, sur l’écran 15×15 de sa mini-télé noir et blanc ! (…) À dire vrai, je garde une forme de nostalgie… Ça me fait chaud au cœur d’y penser. Ces années restent incontestablement les meilleures de nos toutes nos années d’études. Sur le moment, on ne s’en rend pas forcément compte. C’est quand on rentre dans un nouveau cycle qu’on réalise…

Julien : Moi aussi, j’y ai trouvé une deuxième maison… Si ce n’est une première maison parce qu’il y a eu le décès de notre père quand j’étais en classe de Seconde. À ce moment-là, Monsieur Lebrun a été un précieux interlocuteur [NDLR : Philippe LEBRUN, enseignant et d’internat ; portrait diffusé le 11 mai 2021] (…) Mon expérience personnelle m’a permis de mesurer et d’apprécier à quel point les liens entre professeurs et élèves étaient forts. Les relations étaient empreintes d’humanité et de beaucoup bienveillance. Les adultes sentaient quand quelque chose n’allait pas. Ils avaient un sens aiguisé de l’observation, de l’écoute et savaient ouvrir leurs portes quand il fallait. Je pense tout particulièrement à Marie-Thérèse, l’Infirmière, qui était pour nous tous comme une deuxième maman… Elle n’était évidemment pas la seule adulte à nous « couver » mais la citer me permet de rendre hommage à tous les autres !

La solidarité familiale a t’elle été un plus ?

Maxime : Nous étions là pour l’expérience de vie contrairement à d’autres qui avaient intégrés l’internat pour des questions d’éducation. Du coup, on était un peu les « gamins de confiance » des surveillants. Les collégiens et les lycéens étaient séparés à l’internat. Du coup, on a été au maximum 3 ensemble Pierre-Jean, Paul et moi. Cela ne nous empêchait pas de toujours avoir un œil sur notre petit frère !

Pierre-Jean : Nos parents nous ont inculqué des valeurs familiales telles que la solidarité, l’entraide, le soutien, l’implication. Ils savaient qu’ils pouvaient nous faire confiance et que nous serions attentifs les uns aux autres. Qui plus est, ils avaient une totale confiance dans les enseignants et les surveillants.

Julien : À Jean-Paul II, les profs et les surveillants étaient exigeants mais justes. Nous, ça ne nous choquait pas plus que ça. À la fois parce que nous étions très proches et aussi parce nous étions disciplinés. Mais quand on en parlait avec d’autres, qui étaient dans le public, ils nous disaient « C’est la prison chez vous ! ». Moi, je trouve que lorsque l’on est adolescent, c’est bien d’être encadré. Ça donne des repères, temporels, éducatifs et familiaux.

Paul : Voir se succéder une fratrie de 4 enfants, dans un même internat, est quelque chose d’assez exceptionnel… On peut donc dire que, malgré nous, mes frères et moi avons marqué les esprits ! Ce que l’on peut dire c’est que l’on s’est senti appréciés et que la vie à l’internat nous a beaucoup apporté (…) Puisque l’on évoque la solidarité, j’ai une anecdote. À Jean-Paul II, il était courant que les internes du Lycée endossent le rôle de « tuteur » pour lycéens les plus jeunes ou les collégiens. Pour ma part, en Terminale, j’avais pris trois élèves de seconde « sous mon aile ». Je les aidais, pendant l’étude, sur leurs maths. Le « deal » était qu’en échange ils devaient déposer leur téléphone portable sur mon bureau… C’est assez amusant quand on y repense !

Si vous deviez qualifier l’Ensemble Scolaire Jean-Paul II… 

Pierre-Jean : Je dirais que c’est un établissement familial où la culture du vivre-ensemble a un sens profond. Il y a une attention particulière pour préserver les liens enfants-parents. Grâce à cela, au fil des années, il y a une relation qui se créée aussi entre les parents et les enseignants. Au final, le lien se fait avec l’ensemble de la famille ! (…) Si on posait la question à notre mère, je presque sûr qu’elle répondrait la même chose. Je pense qu’elle a vu un prolongement de l’éducation familiale.

Paul : Moi je le décrirais comme un établissement à « taille humaine ». C’est quelque chose qui m’a frappé lorsque je me suis lancé dans les études supérieures. Je suis littéralement passé d’un extrême à l’autre : d’un Lycée où je connaissais les prénoms de tous les élèves à une école de commerce dont ma promo comptait 350 étudiants… et dont je ne connaissais pas plus d’un quart !

Maxime : J’ajouterais la rigueur et la bienveillance.

Julien : Pour résumer tout ce que nous avons dit, et pour conclure je dirais que c’est un endroit où chacun.e a sa place !