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Philippe LEBRUN

Enseignant en Sciences Physiques (1995-2020)
Responsable d’internat (2004-2020)
Retraité depuis octobre 2020

Étudiant puis enseignant à Jean-Paul II, comment avez-vous découvert l’établissement ?
Je venais de rater le Bac et je n’avais pas envie de redoubler ma Terminale au Lycée Public de Mortain (où j’avais par ailleurs passé de belles années). J’ai postulé à Jean-Paul II – alors appelé « Germain » – qui cherchait un surveillant à mi-temps et j’ai été pris. À l’époque, il y avait encore les Pères. Nous étions accueillis, entourés. C’était comme si on rentrait dans une famille. J’avais énormément apprécié cet accueil chaleureux et familial. En 1995, après deux ans d’absence dont quelques mois de service militaire, j’y suis revenu pour y enseigner. Je n’imaginais pas être prof ailleurs !

Fort de votre expérience, selon vous, comment la culture « familiale » de l’Ensemble Scolaire Jean-Paul II se perpétue t’elle ?

Fortement ancrée, la culture bienveillante de l’établissement a été perpétuée après le départ des prêtres du fait que beaucoup d’enseignants, comme moi, étaient d’anciens élèves. La forte cohésion de l’équipe enseignante joue aussi énormément. Peu d’activités se font individuellement. Le collectif est toujours privilégié. Beaucoup de professeurs sont profondément attachés à leur métier et à la réussite de leurs élèves. Au Collège, les collègues essayent de les amener au meilleur niveau afin de leur permettre d’obtenir la bonne orientation en fin de troisième. Au Lycée, les enseignants proposent régulièrement de nouvelles activités pour les aider à progresser. Tous sont mobilisés pour amener collégiens et lycéens au plus haut, sans compter leur temps.

En quoi consiste la fonction de Responsable d’internat que vous avez occupée de 2004 à 2020 ?

J’ai pris la responsabilité de l’internat des garçons au départ de mon prédécesseur. Situé rue d’Ilkley, l’internat des garçons compte, en moyenne, une centaine d’élèves (60 à 80 lycéens et 30 à 40 collégiens). Pour des raisons pratiques (configuration des lieux), le groupe des filles, plus petit, est quant à lui délocalisé sur le site de la rue Quesnel-Canveaux en centre-ville. Le Directeur de l’établissement résidant à l’extérieur, mon rôle était d’endosser sa délégation pour la nuit. Je logeais sur place et étais le premier averti en cas de problème ou d’urgence. Cela pouvait aller d’un déclenchement d’alarme intempestif à un aller-retour aux urgences de l’Hôpital en passant par une panne de chaufferie ou encore par le pointage des absences des élèves…

Quels souvenir ou anecdotes gardez-vous de ces années de surveillance d’internat ?

J’ai toujours travaillé dans la confiance avec les élèves. Je les connaissais tous. Je savais leur parcours, leurs difficultés, leur situation familiale… Aussi lorsque l’un d’eux avait des difficultés, c’était plus facile d’en discuter ensemble. J’ai toujours essayé d’être à leur écoute et juste. Je ne voulais pas être amené à prendre des décisions sans être sûr… car s’il y a bien une chose que les adolescents ne pardonnent pas, c’est l’injustice ! À Jean-Paul II, on a l’avantage d’avoir des élèves très sympas avec un esprit bon enfant Globalement, les lycéens internes sont là pour travailler. Leur priorité, c’est le Bac. C’est certainement ce qui explique que je n’ai jamais été confronté à de grosses bêtises ou que je n’ai jamais eu de crise à gérer… Pour ce qui est des bons souvenirs, comme beaucoup d’élèves avaient choisi l’établissement pour son côté très sportif, il était très fréquent d’assister, le soir, à des matchs de foot endiablés ! Il y avait aussi les repas à thème, organisés une fois par trimestre, que personne ne voulait rater !

Quid de votre regard d’enseignant : quelles évolutions vous ont le plus marqué ?

Le projet pédagogique, dans ses fondements, est resté le même : faire évoluer les élèves. Naturellement, il a été aménagé pour rester en phase avec les évolutions sociétales. De mon point de vue, la plus grosse évolution réside dans la mentalité des élèves. À mes débuts, l’autodiscipline fonctionnait encore et l’esprit de groupe était plus fort. Quand ils décidaient de faire une bêtise, ils la faisait tous et étaient solidaires jusqu’au bout ! Avec l’arrivée des baladeurs, puis des téléphones portables, ils sont devenus plus individualistes, moins autonomes.

Qu’est ce qui vous rend le plus fier aujourd’hui ?

Les élèves de Jean-Paul II sont respectueux. Ils portent les valeurs que nous leur avoir transmises : le respect, l’envie de réussir, l’épanouissement et le bien-être. Ils ont confiance en nous et sont réceptifs. Ils adhèrent aux propositions qui leur sont faites. Je pense au Point écoute qui fonctionne très bien et aux Sections Sport (près de 2 élèves sur 3 sont inscrits à l’Association Sportive). J’ai commencé en parlant d’esprit de famille et de transmission. Je conclurais sur un constat amusant et qui peut nous rendre fiers : dans certaines familles, nous avons déjà vu deux générations se succéder sur nos bancs, la troisième ne devrait plus tarder à arriver…